[1] A B C D E F G C'est un cri d'alarme que lancent les bioacousticiens présents à la conférence mondiale qui réunit, depuis le 29 juin et jusqu'au 4 juillet à Paris, plus de 4 500 spécialistes de l'acoustique. [2] A B C D E F G L'océan n'a jamais été le "monde du silence" exalté par le commandant Cousteau. Depuis toujours, il est empli de bruits, produits par la nature (mouvements sismiques, vagues, pluie...) ou la faune marine (poissons, crustacés ...). [3] A B C D E F G Cette pollution d'origine anthropique est multiple : transports maritimes (plus de 50 000 bateaux de gros tonnage croisent sur le seul territoire maritime européen), recherche de gisements pétroliers et gaziers (parfois effectuée à l'aide de canons à air comprimé), manoeuvres militaires (avec utilisation d'explosifs ou de sonars), avions supersoniques [4] A B C D E F G Ces animaux utilisent en effet des systèmes acoustiques très subtils pour se repérer dans leur environnement, par écholocalisation, et communiquer entre eux. Dauphins et cachalots, par exemple, sont dotés de sonars dont l'écho les renseigne sur la distance et la nature des reliefs ou des organismes qui les entourent. [5] A B C D E F G Sans être forcément léthale, la pollution sonore anthropique "créé un "smog acoustique" qui masque les signaux émis et captés par les mammifères marins, perturbant ainsi les mécanismes qui leur sont nécessaires pour communiquer, se nourrir et se reproduire", explique Michel André. Sans doute ces animaux, apparus voilà plusieurs dizaines de millions d'années, sont-ils doués d'une bonne capacité d'adaptation à des milieux changeants. Mais, craignent les scientifiques, le bruit de fond généré par les activités humaines est encore trop récent pour qu'ils aient pu développer des processus adaptatifs. [6] A B C D E F G A : Signe de l'importance que ceux-ci attachent à la question, ces rencontres, qui traitent de tous les aspects - scientifiques, médicaux ou industriels - de la discipline, ont été ouvertes par une communication sur l'impact des sources sonores sur les mammifères marins.B : Le mode de communication de la baleine, lui, est encore très mal connu. Ce géant est capable de "parler" avec ses congénères à des milliers de kilomètres de distance, à l'aide de signaux sonores à très basse fréquence qui colportent sans doute, à travers les océans, des informations sur les bancs de poissons ou de planctons.C : D'autant que dans le même temps, ces prédateurs, situés au sommet de la chaîne alimentaire marine, doivent faire face à la dégradation de la qualité des eaux ainsi qu'au réchauffement climatique qui affecte les ressources en plancton.D : "La pollution sonore est la menace la plus grave qui pese sur le milieu marin ."E : Mais, "depuis les cent dernieres annees, le developpement des activites humaines en mer a introduit des sources sonores artificielles, generant un niveau de bruit jamais atteint au cours des millenaires ", décrit Michel André, directeur de l'Ecole polytechnique de Catalogne et spécialiste de la bioacoustique animale.F : Les bruits générés par l'homme peuvent, s'ils sont intenses, provoquer des lésions dans les organes de réception auditive des mammifères ou affecter plus largement leurs systèmes sensoriels, avec des conséquences parfois mortelles. C'est ainsi que sont interprétés certains échouages en masse de baleines.G : Autant de décibels qui peuvent avoir des effets désastreux sur les mammifères marins (baleines, dauphins, cachalots, phoques ...).